Famille / Family
2018 | 25′ | Fiction | VO FR ST FR/EN
Distribution : Agence Belge du Court Métrage
Production : Hélicotronc
Sélection :
âą DC Shorts Film Festival (2019)
âą Bueu International Short Film Festival – FICBUEU (2019)
âą FestiFrance (2019)
âą Busho Film Festival (2019)
âą Pyeongchang International Peace Film Festival (2019)
âą Palm Springs Short Fest (2019)
âą Le Court en dit Long (2019)
⹠Festival Berceau du Cinéma (2019)
âą Tampere Film Festival (2019)
âą Festival de Moustier (2019)
âą Festival International de Mons (2019)
⹠Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand (2019)
âą Ramdam Film Festival (2019)
âą SFestival International du Film Francophone de Namur (2018)
Prix :
âą Le Court en dit Long (2019) : Prix de la Mise en ScĂšne ; Prix de lâInterprĂ©tation FĂ©minine
Teaser
Synopsis
Lisa accueille une famille somalienne, le temps de sa convocation au service des Ă©trangers. Câest une rencontre entre deux mondes, entre bienveillance et difficultĂ© de communiquer. Dans le silence, naissent le doute et lâangoisse. Au-delĂ de la raison ?
Note d’intention
Je me souviens avoir Ă©tĂ© particuliĂšrement choquĂ©e par une vidĂ©o montrant une femme coincĂ©e Ă la frontiĂšre entre la GrĂšce et la MacĂ©doine, dans le camp dâIdomeni, qui rĂ©pond aux questions dâun journaliste et termine en lui disant ceci : « Sâils ne veulent pas de nous, prenez nos enfants, OK ? Prenez mon enfant ! et moi je retourne en Syrie » Take my child fox news.
En Novembre 2015, confrontĂ©e aux propos de cette femme, Ă lâafflux de migrants dans notre pays, Ă cette guerre qui pousse les familles Ă braver le pire, je me suis rendue Ă la Croix Rouge pour proposer dâaccueillir une famille de rĂ©fugiĂ©s dans notre appartement. Mon conjoint et moi avons alors accueilli Ahmer et Adâab ainsi que leurs deux enfants. Ils voyageaient depuis six mois, le reste de la famille Ă©tait restĂ© Ă Alep. On a vĂ©cu ensemble, le temps pour eux de repartir vers un autre centre aux Pays-Bas. Avec cette expĂ©rience personnelle au milieu de gens en attente de papiers, jâouvre les yeux sur diffĂ©rentes nationalitĂ©s : Afghans, Libyens, ErythrĂ©en, Irakiens, tous fuyant la guerre, la dictature, la pauvretĂ©, la corruption nâhĂ©sitant pas Ă embarquer leur famille au pĂ©ril de leurs vies. Le choix de devenir un foyer dâaccueil est comme une Ă©vidence, un besoin dâagir face aux politiques qui nous entourent.
La rĂ©union de nos familles sous un mĂȘme toit a mis en exergue nos maniĂšres de vivre et nos diffĂ©rences. Avec la prĂ©sence dâune famille apatride chez nous, notre quotidien sâest trouvĂ© bouleversĂ© et la tragĂ©die de la guerre nâa plus Ă©tĂ© comme un point indistinct Ă lâhorizon, mais elle est devenue tangible, lĂ , sous nos yeux. Pourtant, malgrĂ© notre bienveillance et notre dĂ©sir de vouloir bien faire, jâai Ă©tĂ© surprise et perturbĂ©e de sentir poindre en moi un certain sentiment dâangoisse, dans le fait dâaccueillir au sein de mon foyer, de ma famille, des personnes que je ne connaissais pas, qui ne me ressemblaient pas.
De lĂ est nĂ© le film. Un huis clos qui met en relation des personnages qui ne se seraient jamais croisĂ©s sans ces conflits. Jâavais envie de traiter le thĂšme de la maternitĂ©, sujet qui me touche particuliĂšrement et qui Ă©tait dĂ©jĂ prĂ©sent dans mon 1er court mĂ©trage : Les amoureuses. Le film met en parallĂšle deux familles, mais surtout deux mĂšres que tout oppose, qui vont se retrouver dans un mĂȘme lieu Ă devoir faire des choix pour leur famille. En Ă©coutant ces mĂšres accueillies chez
nous, je me suis rendu compte Ă quel point leur prioritĂ© Ă©tait dâoffrir Ă leurs enfants une vie en sĂ©curitĂ©, hors de la guerre et des douleurs de leur pays. MĂȘme si la sĂ©paration est lâultime choix Ă faire.
Jâaimerais plonger le spectateur dans la tension Ă©motionnelle de Lisa sous le regard dâAdab. Lâune observant lâautre comme la future mĂšre de son enfant. Lisa sentant son espace familial mis en danger par la prĂ©sence dâinconnus chez elle. Jâaimerais que le regard du spectateur se balade dâun point de vue aÌ lâautre.
Le geste final dâAdâab est porteÌ par une dĂ©votion, un sacrifice pour sa fille. Il peut paraĂźtre dĂ©raisonnable, fou et impensable. Mais il mâa Ă©tĂ© inspireÌ par des tĂ©moignages de femmes, et dâhommes prisonniers entre la guerre de leur pays dâorigine et lâincertitude des frontiĂšres. Jâai conscience que Famille porte un sujet sensible, notamment par rapport au traitement de lâimage des migrants. Jâaimerais provoquer une rĂ©action du spectateur. Je souhaite ici quâil sâinterroge
en tant quâeuropĂ©en, quâil se pose la question suivante : « Quâauriez-vous fait aÌ sa place ? »